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Vlassios I. Pheidas

DROIT CANON - Une Perspective Orthodoxe

ANALECTA CHAMBESIANA 1 - Institut de Theologie Orthodoxe d'Etudes Superieures. Centre Orthodoxe du Patriarcat Oecumenique Chambesy, Geneve 1998.


Preface de l'auter

L'exhortation finale des canons apostoliques (IVe siècle), qui s'adresse aux évêques, souligne: "Si vous les gardez fidèlement, vous serez sauves et aurez la paix; mais si vous y désobéissez, vous serez punis et vous aurez la guerre continuellement les uns contre les autres, expiant par-là comme il convient votre désobéissance. Et Dieu, le seul éternel, le createur de toutes choses, vous unira par la paix dans le Saint Esprit, vous rendra aptes à toute œuvre de bien, immuables dans le bien, sans tache, sans reproche, et daignera vous donner la vie éternelle" (Épilogue des canons apostoliques).

Le respect témoigné par les Églises d'Orient et d'Occident à ces principes fondamentaux de la tradition canonique commune du premier millénaire est confirmé par l'esprit des canons des Conciles œcuméniques et locaux, codifié dans la déclaration du canon 1 du VIIe Concile œcuménique (787): "Pour ceux qui ont obtenu la dignité sacerdotale, l'observance des ordonnances canoniques est le témoignage de bonne conduite et de toute réussite... Puisqu'il en est ainsi..., nous embrassons de tout cœur les divins canons... et nous confirmons dans son entier et sans changement le contenu de leurs ordonnances, te1 qu'il fut exposé par les saintes trompettes de l'Esprit, les tout glorieux Apôtres, les six saints Conciles œcuméniques, les Conciles locaux rassemblés en vue d'édicter de telles ordonnances, et nos saints Pères; car tous, sans exception, illuminés par le Saint Esprit, ont décidé ce qui est à notre avantage".

Par conséquent, le Droit canon de l'Église orthodoxe présente vraiment comme critères absolus, régissant son évolution dans le temps et son application historique, les principes de la tradition canonique du premier millénaire, telle que celle-ci a été consignée dans les canons des Conciles œcuméniques et locaux, et ceux des Pères de l'Église. Ces critères ne sont plus sujets de contestation ïu de relativisation d'aucune sorte, même de la part de l'autorité conciliaire de l'Église orthodoxe, car ils constituent le contexte inébranlable et les repères irremplaçables de sa mission spirituelle dans le monde. Dans ce contexte opère donc la conscience ecclésiale soucieuse d'appliquer, de manière authentique, la tradition canonique aux requêtes spécifiques à chaque époque et aux nouveaux problèmes auxquels la tâche pastorale de l'Église est confrontée.

Dans ce sens, la fidélité de l'Église orthodoxe à la lettre et à l'esprit de la tradition canonique du premier millénaire constitue le fondement immuable de la dialectique historique séculaire entre continuité et renouveau, dialectique qui détermine non seulement le bon rapport entre l'être et le devenir historique de l'Église, mais aussi la fonction authentique de ce rapport, lorsqu'il s'agit d'opérer de nouveaux choix administratifs, organisationnels et pastoraux. La reference infrangible de la tradition canonique à l'expérience liturgique et, en général, sacramentelle de l'Église assure la pérennité de la tradition canonique dans les circonstances changeantes de sa marche historique et constitue le mobile sûr d'un renouveau continuel dans tous les domaines de la vie ecclésiale.

Certes, il existe toujours le risque que, lorsqu'ïn interprète les canons, ïn assujettisse l'esprit à la lettre et, qui plus est, qu'on altère l'esprit en se servant, de façïn arbitraire ïu usuelle, de principes de la législation de l'État dans le Droit canon interne à l'Église. Cependant, une quelconque déviation est toujours examinée suivant les critères de la tradition canonique, exposés par la conscience ecclésiale, afin de neutraliser toute tendance similaire moyennant des décisions offécielles des organes conciliaires ou autres de l'Église. Ån effet, la conscience ecclésiale, qui sans cesse est nourrie de l'expérience sacramentelle, constitue le pivot de l'esprit de la tradition canonique lorsqu'il s'agit d'adapter le message spirituel de l'Église aux besoins précis de chaque lieu ou de chaque époque et d'assurer sa continuité authentique au milieu de la diversité d'expressions historiques. Dans ce contexte de l'opération de la conscience ecclesiale sont intégrés aussi bien les commentaires herméneutiques contenus dans les règles des canonistes byzantins du ×ÉÉe siecle (Jeán Æïnárás, Théodore Balsamon, Alexios Aristinos etc.), que le Pédalion (Pilote) des moines Agapios et Nicodème du XVIIIe siecle.

Ainsi, s'explique non seulement la défense conciliaire -durant le premier millénaire de la vie de l'Église- de l'unité ecclésiale contre les multiples hérésies ou schismes, mais aussi, la déficience -durant le deuxième millénaire- d'affronter par la même voie des courants analogues, qui ont finalement provoqué la rupture douloureuse de l'unité tant entre les Églises d'Orient et d' Occident (1054), qu'entre le monde chrétien d'Occident par la Réforme protestante (XVIe siècle). Ces deux grands schismes, qui ont brisé l'unité chrétienne, auraient pu être évités si ne s'était pas estompé en Occident l'attachement aux principes de la tradition canonique commune du premier millénaire, notamment en raison de la codification confuse de la tradition canonique par l'éminent juriste Gratien (Decretum Gratiani) au début du ×ÉÉe siècle. Ån effet, il aurait fallu réunir un Concile œcuménique pour examiner ensemble tout désaccord théologique ïu canonique. Malheureusement, l'hésitation de s'engager dans la via synodica a eu les effets bien connus. La Réforme protestante n'a pas uniquement rejeté les effets pernicieux, mais aussi l'utilité en soi du Droit canon, alors que la reforme interne de l'Église catholique romaine au Concile de Trente (1545-1562) n'a pas su s'affranchir de la codification de Gratien.

Cet ouvrage, qui constitue la synthèse d'une pratique des canons de plusieurs années et d'une série d'études menées en la matière, vise non seulement à englober le cours du Droit canon, enseigné à l'Institut de Théologie Orthodoxe d'Études Supérieures auprès du Centre Orthodoxe du Patriarcat Oecumenique Ü Chambésy-Genève, mais aussi à répondre à l'interêt plus général manifesté par la chrétienté occidentale à la fonction actuelle du Droit canon dans l'Église orthodoxe. Ces objectifs ont nécessité le recours à la traduction française des canons par Ñ. Ioannou (Fonti, t.1-3, Munich 1962). Cependant, nous avons procédé à la vérification nécessaire en comparant la traduction avec l'original et en apportant des corrections là ïù il nous a semblé nécessaire de le faire, concernant des questions importantes et délicates. Ce faisant, nous avons íïõlu préserver l'équilibre entre la lettre et l'esprit de la tradition canonique. L'amélioration de la traduction française est due à madame Théodora Titaki qui, en mettant à contribution ses connaissances juridiques et du français, a soigné la correspondance entre les termes des sources et ceux utilisés dans le texte; son aide a donc été importante pour la presentation de l'ïuvrage.

Vlassios Phidas

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