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Vlassios I. Pheidas

DROIT CANON - Une Perspective Orthodoxe

ANALECTA CHAMBESIANA 1 - Institut de Theologie Orthodoxe d'Etudes Superieures. Centre Orthodoxe du Patriarcat Oecumenique Chambesy, Geneve 1998.



I. SOURCES, CONTENU ET ESPRIT DU DROIT CANON

2. Les cánons et leur contenu

Le terme "canon" signifie ce que l'Eglise a décrété de maniere authentique en l'Esprit Saint - dans les Conciles œcuméniques ïu locaux ïu encore par ses Pères éminents. Ce faisant elle élabore au cours du temps les principes inaliénables de la révélation en Christ. Ån outre, elle garantit, d'une part, la pérennité de l'essence du mystère de l'Eglise, en dépit des changements extérieurs dus aux nécessités historiques, d'autre part, la sauvegarde et l'appropriation inaltérables par les fidèles du message du salut en Christ, en dépit de la diversité des formes historiques que ce message ait revêtues.

Dans la tradition canonique offécielle et d'autorité universelle sont contenus les canons suivants des Conciles œcuméniques, à savoir: 20 du Éer concile à Nicée (325), 7 du IIe concile à Constantinople (381), 8 du IIIe concile à Ephèse (431 ), 29 du IVe concile à Chalcédoine (451 ), 102 du concile Quinisexte in Trullo (691 ) et 22 du VIIe concile à Nicée (787). Le concile Quinisexte approuva les canons suivants de Conciles locaux, à savoir: 85 canons Apostoliques, 25 d'Ancyre (314), 15 de Néocésarée (314), 25 d'Antioche (341), 21 de Sardique (343), 21 de Gangres (après 340), 60 de Laodicée (entre 343 et 380), 1 de Constantinople (394), 133 de Carthage (419). Ïn peut y ajouter les 17 canons du concile Prime-Second à Constantinople (861), ainsi que les 3 canons du concile réuni aussi à Constantinople en 879/880.

Certains extraits d'ouvrages ïu de lettres de Pères éminents de l'Eglise ont acquis une autorité semblable à celle des canons des conciles locaux par 1'approbation du concile Quinisexte, à savoir: 4 de Denys d'Alexandrie (+ 364) tirés de la lettre à Basilide de Pentapole; 11 de Grégoire de Néocésarée (+ 270 environ) tirés de la lettre "áu sujet de ceux qui ont mangé des mets sacrificiels ïu bien commis d'autres délits pendant l'incursion des barbares "; 15 de Pierre d'Alexandrie (+ 311) tirés du discours "sur la pénitence"; 3 d'Athanase d'Alexandrie (+ 373) tirés de ses lettres adressées "Áu moine Ammoun ", "Extrait de la 39e lettre pascale " et "Á Rufénien évêque "; 92 de Basile le Grand (+ 379) dont les 86 premiers tirés des lettres adressées à Amphiloque évêque d'Iconium, le 87ème tiré de 1á lettre adressée à Diodore évêque de Tarse, le 88ème tiré de la lettre adressée à Parégorios prêtre, les 89ème et 90ème tirés de la lettre adressée aux chorévêques et à ses évêques suffragants et les 91ème et 92ème tirés de son traité du Saint Esprit; 18 de Timothée d'Alexandrie (+385); 1 de Grégoire le Théologien (+ 390) en 34 vers (Sur la nécessité de lire des livres de l'Ancien Testament), 8 de Grégoire de Nysse (+ 394) tirés de la lettre canonique à Letoius évêque de Mélitène; 1 d'Amphiloque d'Iconium sur les livres de l'Ancien Testament en 60 vers ("Des livres inspirés"); 14 de Théophile d'Alexandrie (+412); 5 de Cyrille d'Alexandrie (+ 444); 1 Lettre encyclique de Gennade de Constantinople (458/9) "qu'il ne faut pas ordonner contre de l'argent" (simonie) qui exprime le canon 7 du ÉÉ concile œcuménique etc. Ainsi, le canon 2 du Concile Quinisexte (691 ) décrète:

Ce saint concile á pris aussi la décision très belle et très importante, que resteront désormais sûrs et confirmés pour le salut des âmes et la guérison des passions les 85 canons reçus et confirmés par les saints et bienheureux pères qui nous ont précédés, et transmis à nous aussi sous le nom des saints et glorieux apôtres. Mais comme dans ces canons il est ordonné de recevoir aussi les Constitutions des mêmes saints apôtres rédigées par Clément, dans lesquelles jadis les hérétiques ont interpolé áu dam de l'Eglise des choses fausses et étrangères à la vraie foi, qui ont terni la noble beauté des vérités divines, nous avons décidé de rejeter, comme il convenait de le faire, ces mêmes Constitutions pour l'édßfication et la sécurité du peuple très chrétien, en désapprouvant absolument les élucubrations des mensonges hérétiques et nous appuyant sur le pur et complet enseignement des apôtres.

Nous confôrmons aussi tous les autres saints canons, qu'édictèrent nos saints et bienheureux pères, c'est-à-dire, les trois cent dix- huit saints pères réunis à Nicée, ceux d'Ancyre, de plus ceux de Néocésarée, de même ceux de Gangres, de plus ceux d'Antioche de Syrie, et aussi ceux de Laodicée de Phrygie; de plus, les cent cinquante pères, qui se sont réunis dans cette ville impériale gardée de Dieu et les deux cents, rassemblés la premièrefois à Ephèse, et les six cent trente saints et bienheureux pères de Chalcédoine; de même ceux de Sardique, de plus ceux de Carthage, et aussi ceux qui de nïuveau se sont réunis dans cette ville impériale gardée de Dieu sous Nectaire évêque de cette ville impériale et Théophile feu l'archevêque d'Alexandrie.

Mais aussi les canons de Denys qui fut archevêque de la grande ville d'Alexandrie et de Pierre qui fut archevêque d 'Alexandrie et martyr, de Grégoßre le thaumaturge, qui fut évêque de Néocésarée, d'Athanase archevêque d'Alexandrie, de Basile archevêque de Césarée en Cappadoce, de Grégoire évêque de Nysse, de Grégoire le théologien, d'Amphiloque d'Iconium, de Timothée le premier qui fut archevêque d'Alexandrie, de Théophile archevêque de la même grande ville d 'Alexandrie, de Cyrille archevêque de la même Alexandrie et de Gennade qui fut patriarche de cette ville impériale gardée de Dieu; de plus, le canon édicté par Cyprien, qui fut archevêque du pays de l'Afrique, et par son synode, canon qui resta en vigueur selon la tradition dans les territoires seuls de ces évêques.

Il n'est permis à personne de falsifier les canons énumérés plus haut, ïu de les déclarer nuls ïu d'admettre d 'autres canons que ceux- là, composés en contrefaçon par ceux qui ont essayé d'exploiter lá vérité. Si quelqu'un est convaincu d'innover à propos de quelque canon ïu d'essayer de le tourner, il aura à répondre de ce même canon, soumis à lá peine que ce canon impose et guéri par ce canon même contre lequel il á péché ".

Les thèmes principaux de la tradition canonique offécielle de l'Eglise pourraient être classés aux unités suivantes:

a) réception du sacerdoce par ordination sacramentelle canonique,

b) perte du sacerdoce en raison de certains délits canoniques graves prononcée par des organes synodaux compétents,

c) organisation administrative de l'Eglise locale,

d) fonction canonique des formes locales du système synodal,

e) condamnation pour hérésie et schisme, et défénition des peines ïõ des voies pour réintégrer au sein de l'Eglise des hérétiques et des schismatiques repentis,

f) définition des relations canoniques des évêques entre eux et avec les Eglises locales relevant de leur autorité,

g) nécessité pour la hiérarchie et les fidèles de mener une vie sacramentelle et morale rigoureuses, etc.

Les décisions conciliaires prises sur ces questions ne l'ont pas été pour légiférer á priori sur des questions qui pourraient se poser à l'avenir, mais pour résoudre des problèmes réels, auxquels chaque époque était confrontée en raison d'une mauvaise ïu partielle compréhension du contenu de la révélation en Christ ïu même du mystère de l'Eglise. Dans ce sens, les canons non seulement constituent des sources authentiques de l'histoire de 1'Eglise, mais découlent directement de la vie historique de celle-ci. C'est donc dans la vie de l'Eglise que doivent être recherchées les causes ecclésiastiques qui ont suscité leur adoption et qui doit préciser la véritable volonté ïu l'esprit de chaque canon. Él est donc évident qu'en dissociant le contenu spécifique des canons de leur contexte historique, il serait difficile, sinon impossible, de trouver la réelle volonté de nombreux canons et du message que l'Eglise voulait mettre en relief au moyen de ces canons. Él est cependant impossible d'identifier les causes historiques d'élaboration des canons par les Conciles œcuméniques et locaux exclusivement avec la nature ïu l'essence de l'Eglise, ïu interpréter les canons comme une simple opération théorique du pïuvoir législatif de droit divin pour exposer systématiquement le contenu du salut en Christ.

Les canons ne sont, ni ne doivent être, conformément a la mission de l'Eglise, ni ne veulent, ni ne peuvent être, selon la conscience ecclésiale universelle, une législation défénitive ïu exhaustive de l'Eglise pour constituer un système complet de droit interne sur la base de la révélation en Christ. Certes, les canons manifestent l'esprit du droit divin, mais ne rendent pas la plénitude de son contenu. Ils ne le couvrent pas entièrement, puisque leur constitution en matière est fondée sur les diverses nécessités ïõ formes historiques de la vie de l'Eglise, qui est indubitablement une marche non statique mais dynamique vers l'accomplissement eschatologique du Royaume de Dieu. Él faut donc considérer comme indiscutable le fait que chaque canon ait sa propre genèse historique, dictée, pour chacun d'eux, par des causes historiques spécifiques et par la vie historique de l'Eglise. Le contexte historique des canons n'est pas uniquement et simplement dû au fait que ceux-ci sont formulés par une instance compétente, synodale ïu non, de l'Eglise à une époque donnée, mais aussi au contenu historique lui-même ïu à leur structure d'ensemble.

Ån effet, leur caractère historique est intimement lié non seulement au temps et au lieu de leur élaboration, mais aussi aux causes ecclésiastiques qui ont suscité cette adoption, à la terminologie spécifique ïu la formulation linguistique du temps de leur adoption et aux conditions existantes locales, socio-politiques ïu même ecclésiastiques en général. Néanmoins, il existe une différenciation significative quant à la thématique et l'autorité entre les canons des Conciles œcuméniques et ceux des Conciles locaux. Ceci dit, l'element historique indéniable est commun et il est dû au fait que presque tous les canons ont été édictés par l'Eglise au sein de Conciles œcuméniques ïu locaux pour faire face à des questions ecclésiastiques d'ordre général ïu pour remédier à des déviations constatées localement ïu pour adapter universellement certaines institutions administratives aux nouvelles conditions ecclésiastiques et même politiques.

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