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Const. D. Kalokyris
Professeur de la Faculté Théologique à l' Université de Thessalonique

La Theotokos dans l'art des églises orthodoxe et catholique par rapport au mouvement œcumenique*

Επιστημονική Επετηρίς Θεολογικής Σχολής Παν. Θεσσαλονίκης, τομ. 21, 1976


Au Congrès Historique Interécclesial qui s'est tenu à Bari du 30 avril au 5 mai 1969; J’ai pour la première fois ressenties une tristesse, profonde parce que lorsque le dialogue a commencé entre les Eglises, on n'a jamais relevé d'aucun coté l'importance de l'art chrétien pour ce dialogue. Cela vient peut-être du fait que peu de monde s'occupe de cette branche de la science et par conséquent, quelques-uns uns seulement sont capables sans doute de comprendre comment l'art peut contribuer au mouvement œcumenique. Depuis cette date, six ans se sont passés, et je n'ai pas d'information, qu'un mouvement dans cette direction se soit dessiné, ou qu'une étude sur ce sujet ait été publiée. Je crois malheureusement qu'il ne s'est rien passé. Mais l'art chrétien peut avec son propre langage dé-passer des limites des nos differences et rapprocher nos cœurs. J'entends parler aujourd'hui des deux grandes Eglises de la Tradition, l'Orthodoxe et la Catholique. Des représentations iconographiques propres a l'Eglise Orthodoxe ont été adoptées par l'Eglise Catholique et, inversement dea représentations propres à l'Eglise Catholique ont été assimilés par l'art de l'Eglise Orthodoxe. Tandis qu’après le schisme les deux Eglises se sont peu à peu éloignées l'une de l'autre l'art au contraire, n'a pas subi en beaucoup de cas, cette différentiation. Vous comprenez donc pourquoi, pour cette conference d'aujourd'hui j'ai choisi comme thème la Théotokos dans l'art de deux anciennes Eglises par rapport au mouvement œcumenique.

La Théotokos-Marie, comme on le sait, est vénérée par les deux Eglises, Catholique et Orthodoxe, comme une personne si qui est dû l'honneur suprême, qui occupe dans notre dévotion la première place immediatement après la Sainte-Trinité. Nous la considerons et la louons non pas simplement comme sainte, mais comme très-sainte Vierge, et comme toute-sainte (Παvαγία). Elle est la mère du Sauveur dont l'intercession près de son Fils, notre Dieu, est toujours salutaire pour le monde. Nous avons beaucoup d'églises et de couvents consacrés à son nom et même des villes et des villages. De plus, pour aucune autre personne l'art de nos Eglises n'a crée autant de thèmes iconographiques, autant de types, autant de représentations que pour la Vierge-Marie. Si en Occident la plupart des grandes Cathédrales portent son nom (Notre - Dame) en Orient, pour aucun autre saint, nous n'avons des icônes avec tants de dénominations diverses. La sainte Vierge est donc ce "point commun" entre orthodoxes et catholiques et ceci a déjà été remarqué et noté dans le Decret sur l'Oecumenisme (dans Acta Apostolicae Sedis, LVII 1965, p. 90-112), comme aussi dans les Conférences et les réunions ecclésiastiques. Sans doute il est bien connu que nous avons quelques differences en ce qui concerne la personne de la Vierge, comme les dogmes de l'Eglise Catholique sur la conception immaculée et l'Assomption (1950). Pour le second, qui concerne Marie élevée corporellement au ciel, je vous rappele que, comme il est connu, l'Eglise Orthodoxe n'ait pas de décret promulgué par un Concile œcumenique et pas davantage de décision dogmatique. Mais, au contraire, l'art de l'Eglise Orthodoxe (qui a su franchir les frontières des différences) accepte l'Assomption corporelle aux cieux de la Mère de Dieu. Autrement dit, la pratique de notre Eglise (hymnographie, panéguristes et l'art) n'en disconviennent pas. Ιl nous manque seulement, jusque à present, une affirmation officielle de l'Eglise Orthodoxe. Peut-être l'art et la pratique ont précedé celle ci.

Nous disons quelques mots pour ce thème. Salon la tradition ancienne des Apocryphes (p. ex. Transitus beatae Mariae Virginis), et d' après les textes, comme p. ex. d'Archevêque de Thessalonique Jean (au 7 siècle), André Archevêque de Grète (7-8 siècle), de patriarche Germanos, Jean Damascène (8 s.), Theod. Studites (9e s.) Gregoire Palamas (l4e s.), selon l'hymmographie, ete., l'art orthodoxe accepte que le corps de la Ste Vierge n'a pas subi la corruption mais il a glorifiée et monté de tombeau aux cieux. Et c'est pourquoi aux images orthodoxes (au beaucoup des icones, peintures murales, mosaiques) (1) nous voyons en bas la représentation de la mort de la Vierge (Κoίμnσις, Dormition) et en haut, l'Assomption, s.a.d. une grande porte du ciel qui s'ouvre pour faire passer la Vierge, accompagnée par des anges. Alors l'art Orthodoxe exprime ce que nous chantons pendant la fête de la Dormition: «Ο τάφoς σoυ κnρύττει παvάμωμε, τηv ταφήv σoυ, και τήv μετά σώματoς προς oυραvούς vυv μετάστασιv», s.a.d. «Τon tombeau proclame, toute immaculée, ta sépulture et ton assomption maintenant avec ton corps au ciel» (5e ode du canon de Joseph l'hymnographe pour l'orthros de Ιa vigile de la Dormition).

Et maintenant nous voudrions vous presenter quelques thèmes iconographiques qui prouvent l'influence mutuelle des arts des nos Eglises. Le mouvement œcumenique je crois peut tirer grand profit de ce théme.

D'abord je remarque la représentation de la Vierge dans l'abside du sanctuaire des églises, et surtout sur le cul-de-four de la conque. Dans l'Eglise Orientale cette place est presque la règle, depuis les premiers temps byzantins jusqu'aujourd'hui. Ιl s'agit de la Théotokos qu'on appelle "Platytera"; elle tient habituellement dans ses bras l'enfant Jésus. J'en donne comme exemple la mosaique d'Angeloktisti de Kition à Chypre (7ème siècle), celles de Sainte Sophie de Salonique ( 9ème siècle), de Sainte Sophie de Constantinople, de Sainte Sophie de Kiev, de saint Luc près de Levadia en Grece, qui datent des environs du 11ème siècle. Toutes sont conservées jusqu'aujourd'hui. En Occident nous avons les mêmes représentations dans l'abside des églises, comme par exemple les fresques de la basilique de Parenzo (Yougoslavie) du 6ème siècle, et de l'île de Torcello à Venise (l2ème siècle). De la même époque nous avons cette image de la Théotokos à Cefalù (orante) en Sicile et dans la Chapelle Palatine. Sans doute ces monuments occidentaux sont byzantins, mais il est intéressant de noter que ces monuments du moins, ceux du l2ème siècle ont été realisés après l'an 1054, c'est-à-dire après la consommation du grand schisme.

Nous devons préter attention à cette représentation et surtout à la place quelle occupe dans l'église. Le cul-de-four de l'abside du sanctuaire est la partie architecturale qui unit le toit avec le sol. Au toit qui symbolise le ciel on représente le Christ comme Pantocrator, habituellement sur la coupole du transept. Les fidèles se tiennent debouts sur le sol de l'église. La Théotokos est ainsi figurée entre nous et Dieu, entre la terre et le ciel, parce que celle-ci par son Fils a unifié le bas et l'haut, elle est devenue le pont qui unit la terre au ciel, l'escalier céleste par qui est descendu Dieu, comme chante l'Eglise dans l'hymne acathiste. La coupole du transept où a représenté le Christ est l'endroit le plus élevé de l'Eglise. Celui occupe par l'image de la Vierge lui est immédiatement inferieur. C'est le point le plus visible après la coupole. Le fidèle le voit quand il entre dans l'église, et dirige son regard vers le sanctuaire. Mais, comme nous l'avons dit, la Théotokos est presque toujours représentée avec l'enfant divin. A cet endroit les plus élevé après la coupole nous avons l'exaltation de la femme comme mère, jusqu'à la divinisation, dont le symbole est la mère de Dieu. Jamais, et dans aucune religion, la femme n'a reçu un tel honneur, n'a été autant élevée. La Vierge, représentante du monde féminin, et mère de nous tous, participe activement au salut du monde, certainement parce que le Logos est incarné en elle qui l'a porté dans son sein. Cette représentation nous rappelle, en quelque manière, que l'incarnation du Dieu-Logos et le salut de l'homme qui l'a suivie, ont été realisés "par la femme"; et cette femme qui a permis cette incarnation par son saint sein, est la Vierge Marie, qui pour cette raison est devenue la personne sacrée qui mérite notre reconnaissance éternelle et notre très grand honneur. Comme nous l'avons dejà dit elle est la mère de la réconciliation de la créature avec le Créateur, la nouvelle Eve qui a jeté un pont audessus du fossé que la première Eve avait creusé. Nous croyons donc, catholiques et orthodoxes, "après le Dieu-Trinitè" la Théotokos. Vers celle-ci "après Dieu" nous nous refugions tous, comme chante un canon de notre Eglise. Si, nous n'osons pas, comme "serviteurs médiants", jetter immédiatement les yeux vers le Pantocrator dans sa coupole, nous prenons le courage de regarder tout de suite en face la Vierge, parce que celle-ci vient directement de notre genre humain, et, de cette manière nous avons la certitude psychologique quelle intercède et plaide auprès de son fils pour tout ce que nous desirons. Nous avons ainsi "quelque familiarité naturelle" avec elle, et cette familiarité nous donne des ailes pour nous élever et regarder fixement le Pantocrator. Ceci se fait succesivement d'après une échelle des degrés de l'âme et de l'esprit, après que nous nous sommes réfugiées auprès de la Mère de Dieu, pour qu'elle intercède, ou, si vous voulez, qu'elle nous annonce de quelque manière au Roi et au Seigneur. Cette representation de la Mère de Dieu tenant l'enfant exprime toute la doctrine dogmatique de l'incarnation du Christ. Vous comprenez ceci en voyant le Pantocrator dans la coupole (qui signifie le ciel) et en suite la Théotokos avec le Christ un peu plus bas, c'est-à-dire au cul-de-four de la conque. Nous avons ainsi une concrétisation du sens de la descente du Dieu-Verbe et une matérialisation de l'article du symbole de la Foi: "il est descendu des cieux, c'était incarné de l'Esprit saint et de la Vierge Marie et s'est fait homme". L'art rend sensible le fait que Dieu céleste descende, et, par la Mère de Dieu se fait enfant, homme. Mais encore l'art nous montre et nous explique que les orthodoxes et les catholiques honorent et respectent tant la Vierge-Marie. Notre théologie, notre art et notre vie cultuelle la considèrent comme notre mère commune, car elle est la mère de la nouvelle création à laquelle nous appartenons et dont nous sommes enfants. Réalisant ainsi l'idée de notre mère commune, nous comprenons que nous sommes obligés-nous ses fils, d'avoir unité de foi, d’oublier le passé de la division, parce que nous exposons notre famille chrétienne aux yeux de ceux qui croient en une autre religion.

Voyons pourtant maintenant certains thèmes plus particuliers de l'iconographie de la Théotokos, qui démontrent que, malgré la coupure du achisme l'art de l'une des deux Eglises a influencé l'autre. Par des exemples concrets je vais montrer d'abord l'influence de l'Eglise Catholique sur celui de l'Eglise Orthodoxe. Nous verrons ensuite l'influence inverse d'une manière plus générale. Je dois souligner que les thèmes dont je parlerai concernent seulement l'iconographie de la Théotokos, car il y a eu beaucoup d'autres cas, par exemple dans l'iconographie de la vie du Christ montrant les influences mutuelles. Je note d’abord la figuration de l'Annonciation de la Théotokos.

Dans toutes les représentations orthodoxes de l'annonciation jusqu'à la chute de Constantinople, l'archange Gabriel se présente debout en face de la Théotokos et tenant à la main un sceptre. Ce sceptre (l’ancien caducée que tient par exemple Hermés) est un symbole d'autorité, qui montre que l'archange vient avec l'autorisation divine "au nom du Roi-Dieu" porter officiellement le grand message à la Vierge Marie. Ce sceptre se termine en haut par une fleure de lis decorée de perles. Mais ce détail mal intérpreté par les peintres occidentaux, a fait transformer tout le sceptre en une tige de lis, qui, ensuite, a été consideré comme le symbole de la chasteté de la Vierge. Au aucun endroit la Sainte Ecriture ne rapporte que Gabriel a offert un lis à la Toute-Sainte. Plus precisement la substitution du sceptre par un lis s'est fait semble-t-il pour la première fois au l4ème siècle à Florence, ville qui avait cette fleur pour symbole. En effet par un tableau de Filippo Lippi (aujourd'hui au Palais de Venise à Rome) nous sommes assurés du changement et aussi du symbolisme. L'archange ici ne tient pas simplement le lis, comme autres fois le sceptre, mais l'offre à Marie en témoignage d'honneur et de respect de la part de Florence, ville qui prétendait honorer particulièrement la Vierge (civitas virginis). Pour cette raison à Sienne, ville rivale de Florence, on a mis dans la main de l'archange a la place du lis un rameau d'olivier, comme on le voit par exemple dans un tableau du peintre siennois Simone Martini qui se trouve au Palais des Offices de Florence. Peu à peu ce thème du lis est passé des peintres occidentaux jusqu'aux hagiographes orientaux. Ainsi, nous orthodoxes, avons emprunté à l'Occident catholique ce lis des peintures de l'Annonciation, élément qui n'est pas de fondement historique et n'est pas en relation avec notre histoire iconographique. Bien plus, ce lis, fait déjà partie fortement de la tradition chez nous au point qu'aujourd'hui dans l'église orientale si un peintre ne représentait pas Gabriel tenant le lis blanc il risquerait peut-être, d'être consideré par beaucoup de gens comme suspect dans son orthodoxie (!), car le lis blanc est intérpreté comme symbole de la chasteté de la Théotokos. Je pense personnellement que la chose a une justification hagiographique car les Pères de l'Eglise et les hymnographes, parmi les qualificatifs qu'ils donnent à Ιa Mère de Dieu (comme par exemple arbre des fruits brillants, encens de bonne odeur, myrrhe précieuse etc,) ajoute aussi le lis. Le poète de l'hymne acathiste s'exprime ainsi: "salut lis au parfum suave, dame qui exhales une bonne odeur pour les fidèles". ("Xαίρε ηδύπvοοv κρίvοv Δέσπoιvα, πιστoύς ευωδιάζov").

Dans l'iconographie posterieure de la nativité du Christ nous avons une influence occidentale, qui n'a jamais donné lieu à aucune protestation. Dans les représentations orthodoxes de la Nativité anterieures à la chute de Constantinople, l'artiste presentait la Vierge couchée sur un matelat devant la grotte de Bethléem, ou bien assis devant la crèche. Mais la Toute-Sainte n'était pas peinte agenouillée. C'est seulement à partir du l6ème siècle qu'elle a été représentée ainsi par l'influence des peintres de la renaissance italienne, en premier lieu sur les peintres orthodoxes crétois qui avaient beaucoup de liens avec l'Italie. Nous avons la Théotokos ainsi représentée au Mont Athos (couvent Stavronikita 1546, de Lavra 1560 etc.), aux Météores (couvent de Barlaam 1548) etc. Ajoutons encore que pendant la periode antérieure où la Théotokos était peinte couchée devant la grotte aucune autre personne n'y était représentée; Maintenant elle est figurée agenouillée tandis qu’en face d'elle est agenouillé Joseph. De plus la Théotokos représentée de cette manière a les mains croisées devant la poitrine, détail completement inconnu dans l'art byzantin orthodoxe. Ce type de la Toute-Sainte agenouillée a été si bien assimilé par l'art posterieur de l'Eglise Orthodoxe qu'il a été accepté et institutionalisé par Denis de Fourna dans son interprétation de l'art pictural, le livre le plus connu et le plus estimé de l'orthodoxie héllenique, qui rapporte de quelle manière il faut peindre les icônes et les fresques. Cette rafiguration de la Vierge agenouillée empruntée à l'Occident n'a pas scandalisè les orthodoxes parce qu' ils y ont vu l'expression de la divinité du Christ nouveau-né dont tous s'approchent avec crainte et devant qu'ils se prostèrnent comme aussi la Sainte-Mère dont le Sauveur est le Fils en même temps qu'il est Dieu (Romanos le Mélode) et qui se déclare a l'Annonciation la Servante du Seigneur (Luc Ι, 38).

Ιl faut ici ajouter la multitude des petites images romaines - catholiques c'est-à-dire des cartes-postales sur le thème de la Nativité qui ont envahi le marché de l'Orient Orthodoxe et ont été peu à peu acceptées par la conscience du clergé et du peuple. Même la représentation inconnue dans l'art orthodoxe de l'Adoration de l'Enfant Divin (adorazione del bambino) constitue une carte - postale habituelle chez-nous.

Disons maintenant quelques mots sur le type iconographique de la Résurrection du Christ, à la quelle assiste aussi la Théotokos présentée à cet événement cosmo-historique. Sans doute l'Evangile ne rapporte pas que la Théotokos ait été là à l'heure de la resurrection de son Fils. Dans l'Eglise Catholique ceci est devenu comme un article de foi dès l'époque de Contre-Réforme. Les méditations de saint Bonaventure ont eu ici beaucoup d'influences comme la légende dorée de Jacques de Voragin et la doctrine d'Ignace de Loyola dans ses éxercices spirituels (1548). Mais dans l'Eglise Orthodoxe la chose demeure un point de théologie discutée. La présence de la Vierge à la Résurrection ne fait pas partie de la doctrine officielle de l'Eglise Orthodoxe. Malgré cela dès le 6ème siècle Romanos le Mélode exprimait cette croyance dans son fameux kontakion sur le crucifiement où nous lisons: "Prends courage, prends courage Mère, car tu me verras la première ressuscitant de la tombe". Au 9ème siècle aussi l'évêque de Nicomédie Georges affirme que tandis que tous les disciples sont partis de la tombe, au contraire, la Théotokos "seule est restée là, attendant", à cause de cela la joie de la Résurrection divine lui a été donnée la première, c'est à-dire qu'elle a eu la première l'honneur de voir le Christ ressuscité. Théophane Kerameus au 12ème siècle affirme la même chose, comme aussi au 14ème siècle, Grégoire Palamas. Ce dernier écrit que la Théotokos avait seule eu le privilège de toucher son corps, ce que le Seigneur a refusé à Marie Madeleine en lui disant "ne me touche pas", parce que, explique le même archevêque de Thessalonique, sons corps après la résurrection était plus efficace que le feu. Donc dans l'iconographie de l'Orient nous trouvons la Théotokos présente à la Résurrection, alors que nous, le répetons, nous n'avons pas de décision officielle de l'Eglise Orthodoxe. Dès le 6ème siècle nous reconnaissons la Vierge dans la scène de la Résurrection de l'evangéliaire de Rabula: seule elle est figurée avec un nimbe et seule elle tient les pieds du Christ. Nous avons la même presentation dans d'autres monuments: l'ivoire de Trivulce, la mosaique de Saint Marc à Venise, les fresques du Mont Athos etc. Nous avons de très belles représentations orthodoxes de la Théotokos dans la Résurrection dans les icônes de l'école crétoise, comme par exemple celles du peintre Michel Damascène de la fin du 16ème siècle. Dans l'icône de ce peintre qui se trouve dans l'eglise St. Ménas de Heraklion en Crète la Théotokos est designée par les abréviatίons ΜΡ-ΘΥ, elle est agenouillée mais se tient droite, elle est la seule à porter un nimbe au contraire de Marie Madeleine figurée completement prosternée au pieds de Jesus. Dans d’autres fresques orientales nous avons encore la Théotokos placée entre les myrrhophores ou, d'autres fois embrassant son Fils ressuscité debout à coté de la tombe. Comme exemple de ce dernier type nous pouvons citer une peinture de l'église du Sauveur de Skotina de Pierie en Grèce du nord (1618). En conclusion nous pouvons dire aussi pour la présence de Ιa Théotokos à la résurrection: Bien que l'Eglise Orthodoxe soit restée réservée en ce qui concerne le thème, l'Occident a ici aussi influencé l' Orient, et renforcé ce qui avait été accepté déjà auparavant par l'art paléochrétien et la littérature. Voilà donc encore un autre point commun entre nos Eglises, qui n'a pas encore été commenté jusqu'aujourd'hui.

Le temps manque pour parler aussi des influences particulières de l'Eglise Orientale sur l'Occidentale, en ce qui concerne la Théotokos. Nous noterons seulement la representation byzantine de la Mère de Dieu portant l'Enfant Christ dans le type du "ODIGITRIA" et de ceux qui s'y rattachent, appelés "ELEOUSA", "GLYKOPHILOUSA" et de "Toute-Sainte des symboles de la Passion". Dejà, au 7ème siècle, Andrè archevêque de Grète affirme que les icônes de "ODIGITRIA" avaient été envoyées en Occident et que Rome se glorifiait de les posseder (τηv Pώμnv έχειν εις οικείαν εύκλειαν). L'une d'entre elles, a été découverte par Cellini, il y a quelques années et est conservée a Santa Maria Nuova de Rome. Certaines icônes sont appelées "ACHIROPOIΪΤI", ce qui signifie "non faites de la main de l'homme", et sont attribuées par la tradition pieuse au pinceau de l'evangeliste Luc. Les oeuvres des peintres occidentaux presupposent ce type de "ODIGITRIA" qu'ils ont copié ou modifié: ainsi Giotto (dans la Madonna du Maestà, aux Offices de Florence), Val der Goes (Bruxelles), Raphael, Murillo (Palais de Pitti, Florence) et beaucoup d'autres. Aujourd'hui beaucoup d'icônes des types que j'ai cités se trouvent dans les musées, les maisons particulières, mais aussi dans les églises catholiques et sont l'objet d'un respect particulier certainement du fait qu'elles viennent de l'Orient or- thodoxe. Je citerai comme exemple le Vierge dire "NIKOPOIOS" à Saint Marc de Venise, l'icône byzantine fameuse (l3ème siècle) à Freisig de Bavière, en suite l'icône grecque de la Vierge avec les anges portant les instruments de la Passion du Christ, à Fiesole de Florence, qui appartient au l5ème siècle et est considerée comme un joyau. De même je mentionne l'icône tout à fait semblable à Saint Alphonse de Rome, presque contemporaine de la précédente, connue comme Mére du Pérpetuel Secours etc. Beaucoup de ces icônes d'origine orientale sont conservées surtout dans des chapelles particulières des églises catholiques où elles sont mises en valeur et proposées particulierement à la devotion des fidèles. Parmi de nombreaux exemples qu'il serait possible d'ajouter je noterai ici une icône grecque de "ODIGITRIA" qui se trouve dans une chapelle de Saint Gereon de Cologne. Ιl y a quelques mois aussi, le père Strack, superieur de l'église catholique de la ville d'Alzen en Allemagne, m'écrit pour me fair connaître une icône grecque honorée en particulier dans une chapelle qui lui est dediée; il me demandait des informations sur le type iconographique auquel elle appartient. Il s'agit de la Vierge vénérée sur la montagne Skopos de l’île de Zante en Grèce, et qui pour cette raison s'appele "SKOPIOTISSA".

Par ces exemples que j'ai cités il est évident que surtout aujourd' hui les icônes orthodoxes ne sont pas regardées en Occident comme héretiques mais au contraire, sont l'objet de grands honneurs et de vénération de la part de l'Eglise Catholique, du clergé et du peuple. Mais tout ceci signifie que le peuple et le clergé qui constituent la conscience des Eglises, estiment à leur valeur les points communs qui unissent les Eglises et abandonnent le vieil esprit. Mais de plus cela signifie aussi que l'art chrétien rapproche nos cœurs et nous rappelle la grande dette que nous impose la signification de l'unité dans la charité au nom de Jésus Christ et de sa Sainte Mère. Ιl est consolant et agréable de penser que vous, ici à Segretario per l' Unione dei Cristiani êtes à l'avant-garde de cette œuvre avec le centre "Pontificia Academia Mariana Internationalis", qui rend un grand service "a l'Eglise, et dont nous attendons des fruits abondants.



* Ομιλία εις το Μαριολογικόν Συνέδριον Pώμnς. Μάΐoς 1975. (Pontificia Academia Mariana Internationalis, Via Merulana).

1. En particulier après la chute de Constantinople.
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