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Hamilcar S. Alivisatos

L'état du Mont Athos

Théologia, 36, Athènes 1965, p. 39-52.


Partie 4

C'est une chose excessivement consolante que le Conseil Oecuménique d'une part et le Concile du Vatican et le Pape Jean XXIII de sainte mémoire de l'autre, ont frayé une voie nouvelle qui aidera, non seulement à faire cesser cet antagonisme illicite, mais mènera aussi à l'union de toute la famille chrétienne et de l'Eglise qui a encore une mission bien importante à remplir dans le monde.

Qu'on n'oublie d'ailleurs pas que, pour les Eglises chrétiennes, la concentration de leur attention sur le fait de la régénérescence et du réveil de l'esprit combatif d'autres grandes religions (Islamisme, Judaïsme, Indouisme, Bouddhisme etc.) est de beaucoup préférable à l'antagonisme illicite de l'une envers l'autre, antagonisme qui, considéré sous un point de vue purement chrétien, est inadmissible et doit être repoussé. Car la renaissance actuelle de ces religions coûtera cher au Christianisme.

C'est vraiment désolant que deux véritables calamités pour l’humanité, les deux guerres mondiales contemporaines, avec leurs conséquences désastreuses qu'il est inutile d'énumérer, car nous les avons tous subies, et aussi la menace terrible suspendue sur le monde par le mauvais emploi des armes de la nouvelle invention prodigieuse des humains, ont été nécessaires pour que les hommes prennent conscience - et une conscience incomplète - de la nécessité impérieuse d' un arrangement pacifique de leurs différences et de leurs intérêts pour éviter une destruction totale.

Et tandis que les «enfants de ce siècle» se rendirent enfin compte de la nécessité d'une entente afin d'éviter la destruction», les enfants de la lumière, les Eglises du Christ, se sont obstinées à un antagonisme qui a subsisté et subsiste encore aujourd'hui pour de seules raisons séculières.

Ce n'est que depuis le développement du Mouvement Œcuménique, qu'une ère nouvelle s'est inaugurée pour une entente entre les diverses Eglises, afin qu'elles puissent arriver à un accord chrétien pour le bien de l’humanité. La belle parabole de l'Econome injuste (Luc: XVI - 1 - 13) est un enseignement superbe pour l’Eglise, et la méthode suivie jusqu' à présent, fidèlement décrite dans Math. XII - 25 - 27 et sévèrement condamnée dans Math. XXIII - 15-22, est erronée et vouée à l’échec et ne doit plus être répétée. C'est pour cela que le Pape Jean XXIII est digne de toute reconnaissance, car il a vraiment frayé une voie nouvelle en prenant l'initiative bénie d'inaugurer une période nouvelle dans les relations des diverses Eglises entre elles et je n'ai le moindre doute que les moines et leurs ordres peuvent plus que tout autre aider à cela par l'intégrité de leur idéal qui, comme il a été déjà dit, est le même en Orient qu'en Occident.

L'état de choses existant dans l'univers est aujourd'hui tel, qu'il doit être envisagé par l'unité et que le but visé doit être poursuivi, non pas avec mollesse, mais avec un esprit combatif, tel qu'il est décrit par Paul, dans sa lettre aux Ephésiens (VI-10-20) et par l'Evangéliste Jean dans l'Apocalypse. Cette constatation est suffisante pour démontrer que les moines, imbus de l'idéal monastique qui contient en soi l'indissolubilité de l'unité, sont plus que tout autre qualifiés pour entreprendre une telle lutte et pour poursuivre la réalisation de l'union, avec l'assurance que, selon la promesse de St. Jean (I Jean: V-4) la victoire appartient à la foi vraie et sincère, pourvu qu'elle existe. Cette régénérescence de l'idéal monastique et de son influence efficace qui aidera à résoudre aussi le grand problème du schisme, je l'attends pour bien de raisons diverses et surtout pour les suivantes:

l) Une disposition marquée et un effort réel pour donner de nouvelles forces à la vie et à l'idéal monastique dans toute l'Eglise Orthodoxe, qu'elle soit libre (comme elle no l'est qu'en Grèce) ou non, une sollicitude remarquable pour atteindre ce but. Je mentionne, comme exemple, l'effort positif poursuivi au Mont Athos par l'École Athonite, pour préparer les bourgeons nouveaux de la vie monastique et l'effort artistique pour la renaissance de l’art de la peinture d' après les anciens modèles byzantins, effort dont il est inutile de relever l'importance. Un signe bien significatif de cette régénérescence, c'est la floraison remarquable de la vie monastique dans deux pays orthodoxes par excellence, la Russie et la Roumanie, où à cause du régime politique y existant, on aurait pu s'attendre au contraire.

Ce désir général et cet effort de rénovation de la vie monacale est illustré par le vif mouvement religieux, constaté actuellement chez les jeunes gens appartenant à diverses organisations religieuses, en Grèce par exemple, dans le Liban et la Syrie qui, considérées du point de vue de leurs principes et de leurs points de départ, sont des organisations ayant pour but la recherche de l'idéal monastique.

2) Des marques officielles données en Grèce par le Patriarcat Œcuménique, le Saint Synode de l'Eglise de Grèce et le gouvernement hellénique, qui contribuent, avec une aide positive et même matérielle, au relèvement et à la rénovation, non seulement des bâtiments monastiques, mais aussi de l'état spirituel des couvents. Bien des évêques en Grèce s'occupent du rétablissement de vieux monastères tombés en ruine et, à l'ordre du jour du Saint Synode, la réorganisation des couvents figure comme une question importante.

3) L'organisation de la célébration du millénaire de la fondation de l’Athos, suivie avec un respect manifeste et un enthousiasme religieux dans toute la Grèce et dans les autres pays orthodoxes, où le Mont Athos est vénéré comme le lieu saint par excellence de la piété monastique et comme l'arc de la pure pensée orthodoxe. C'est à cause de cela que cette célébration a pris le caractère d'une vraie croisade pour le réveil du monachisme et de l'idéal monastique et qu'elle fut acceptée comme telle par la conscience orthodoxe.

4) Il sera peut-être intéressant pour vous d'apprendre qu'un Comité de personnalités ecclésiastiques et laïques, nommé pour la revision et la reforme de la législation ecclésiastique en Grèce, dont j'ai l’honneur d' être le Vice - Président, compte parmi les principaux projets de loi qu' il prépare l'élaboration d'une loi sur les couvents et les moines et nous espérons que par ce projet de loi de nouvelles bases seront posées pour la reforme de la vie monastique en Grèce.

5) Dans cette vive tendance pour le relèvement de la vie monastique, je vois une réaction consciente contre l'effort contemporain pour le déracinement des sentiments religieux, profondément enracinés dans le peuple grec, ainsi que dans tout peuple orthodoxe, qui tous ont considéré les monastères comme des lieux saints, servant avant tout à conserver dans sa pureté la piété et la religiosité orthodoxes, et enfin

6) Le grand respect pour les reliques saintes de l'Athos et de tout monastère en général, considérées par le peuple grec, non pas comme des objets de musée, mais comme de symboles sacrés d'une conscience orthodoxe profondément religieuse. Ce n'est pas sans une grande émotion que je voudrai mentionner que tout récemment encore un vrai ralliement des habitants a eu lieu à Athènes et dans les provinces, non point empreint d'un caractère de fanatisme religieux populaire, quand on apporta du Mont Athos une relique contenant un morceau de la vraie croix du Seigneur et une icône byzantine de la Mère de Dieu. Les fidèles vinrent par milliers, depuis le Roi jusqu'au dernier des croyants, pour vénérer ces reliques sacrées, puisant dans cet acte, suivant les antiques croyances pieuses, un soulagement religieux et le sentiment de recevoir une bénédiction.

Dans tout ceci il me semble donc voir une disposition réelle et des efforts conscients pour le relèvement et la reforme de la vie et de l’idéal monastiques et des couvents en général, devenus les principaux gardiens de la piété antique. Je sais que la même chose se passe dans les monastères de l'Occident, mais j'ignore si le peuple y ressent aussi une vénération semblable pour ces symboles sacrés de croyances religieuses immuables.

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